54  ANS  APRES…

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ABD EL-KADER
SANTA-CRUZ
54  ANS  APRES…
Collégien à Mascara
Ciel bleu
Le mouton la rose et l'enfant
J' en ai bisoin !

 

                                      CINQUANTE   QUATRE  ANS  APRÈS…..

 C’était un Ami, il l’est toujours. Je devrai dire c’est mon frère, il est devenu moi-même.

Nous étions tous les deux internes au collège de Mascara, lui était de Géryville, moi  des Hauts Plateaux PALAT.

Tout jeune, il a eu le malheur de perdre son père.

 Pendant de nombreuses années, nous nous sommes côtoyés, nous étions deux inséparables.

Jamais l’un sans l’autre, l’un toujours avec l’autre.

 C’était un excellent élève, il aimait  la littérature, la lecture, la philosophie. Il adorait les lettres et les grands auteurs qui traitaient du métier des Armes. TOLSTOÏ  (guerre et paix), HEMINGWAY (l’adieu aux armes), mais aussi les humanistes, le père de FOUCAULD, CAMUS et combien  d’autres, que je ne saurai citer ! Il aimait aussi, lire les mémoires des grands chefs militaires. Beaucoup de ses lectures avaient un point commun, le métier des Armes.

Il désirait plus que tout, Être officier de l’Armée Française

 Il aimait particulièrement son pays natal, le nôtre, l‘Algérie si chère à son cœur. Mais il chérissait énormément la France.

Il était de ceux qui estimaient que l’Algérie avait un autre Destin.

Comme le disait  FERHAT-ABBAS :

  ’’ Nous demandons un verre d’eau, la France nous donne la mer à boire ‘’.

 Il était persuadé, qu’il y avait de la place pour tous, dans ce grand pays, sans différence de race et de religion, mais groupés autour du drapeau Français.

Il estimait ALI  CHEKKAL député de notre Assemblée Nationale (assassiné par le FLN pour ses positions) qui prônait  aussi une Algérie libre mais sous l’aile protectrice de la France.

 Le Français n’était pas mon fort (encore aujourd’hui), l’orthographe ne m’attirait particulièrement pas, mais mon ami le puriste, s’évertuait à me faire assimiler la grammaire, l’orthographe. Pendant des heures, règles de grammaire et dictées se succédaient et je crois bien que grâce à lui,  mes notes s’améliorèrent ainsi que mes compositions françaises.

IL m’encourageait à poursuivre, à aller de l’avant et lui, mon Ami, je l’écoutais.

 En classe de première, il avait décidé de préparer l’école militaire de ST MEXENT. Il constitua son dossier. Mais, comme il lui manquait une pièce que seule la sous-préfecture pouvait lui fournir. Il demanda à l’administration du collège de sortir entre seize heures et dix sept heures pour récupérer le document manquant.

Cette autorisation lui fut refusée sans raison ;

Mon Ami passa outre. Il avait du caractère le bougre et se rendit en ville acquérir le précieux papier.

 A son retour, le principal l’attendait dans le hall d’entrée, devant la porte d’honneur de l’établissement et sans ménagement lui dit :

                 MONSIEUR LAOUFI, ALLEZ FAIRE VOS VALISES VOUS ETES RENVOYE.

 Boualem ne dit rien, son visage resta impassible, il  monta dans les dortoirs, puis alla à la lingerie, fit sa malle (grosse valise), et redescendit dans l’étude des internes.

C’était, déjà le soir, la nuit commençait à tomber.

Alors, très digne, il nous embrassa tous, un à un, en ayant un mot aimable pour chacun de nous. Je le serrai  bien fort dans mes bras, la rage au cœur. On m’enlevait sans raison une partie de moi-même, mes yeux perlaient de larmes que je ne pouvais pas retenir.

 Monsieur Rocailleux présent restait impassible, mais une intense émotion transfigurait son visage déjà sombre par nature. Il était mulâtre.

 Derrière ce masque, il devait déjà regretter ses paroles dites trop vites.

Je le sus plus tard par lui-même, il regretta son ordre, mais en temps que chef d’établissement il ne pouvait pas se dédire, cela aurait fait obstacle à son autorité.

 Boualem, ne fit rien pour l’en dissuader, il partit la tête haute, le pas assuré, non comme un banni mais comme un vainqueur, allant vers sa destinée, vers ce qu’il avait rêvé d’être toujours, un militaire.

 Nous le revîmes quelques fois au collège, à l’occasion de ses classes et de ses différentes affectations.

IL n’oubliait pas de venir nous saluer. Nous,  nous sommes même photographies  ensemble avec l’équipe de foot du collège, lors de l’une de ses visites, nous en sarrau  lui en troufion.

 Le temps passa, je quittais Mascara pour le lycée d’Oran, cherchant à avoir de ses nouvelles, sans jamais y parvenir.

Les Années défilèrent exactement cinquante quatre, sans jamais l’avoir revu , pensant souvent a lui, à notre jeunesse éphémère à nos amours perdues.

 Il y a peu de temps, je reçu par la Poste, un courrier de l’un de mes amis Palatois, Président de l’Amicale de notre village abandonné, avec une photographie insérée dans un article signé LAOUFI Boualem , écrit dans le journal :   

                                                                     Pieds noirs d’hier et d’aujourd’hui.   

J’écrivis sans succès  au Directeur de journal qui ne daigna même pas me répondre !!!!!(Merci à ce Directeur affable…)

 Ne désespérant pas, je cherchais sur Internet des traces de cet article sans rien trouver.

Ma fille cadette Anne-marie, férue d’informatique trouva après  ses recherches un nom : LAOUFI.

De là, ce ne fut qu’un jeu, la visite du site de Pierre Rubira, un courriel à Maurice BANOS qui sans tarder me donna l’E Mail et l’adresse de BOUALEM.

Je pris contact avec lui par sa  messagerie et le soir à 20  heures, le téléphone sonna.  C’était  lui, mon Ami retrouvé,  mon frère perdu pendant  54 ans.

 La conversation dura une éternité il promit de venir me voir à Guerville. Habitant  l’Auvergne,  ayant de la famille à Paris, il allongea son trajet et avec Nicole son épouse, nous les vîmes arrivés.

                 ‘’   Je ne pouvais parler

             Je sentais tout mon corps et gémir et brûler ‘’

 L’émotion passée, les mots et les phrases se bousculaient, nous voulions tout nous dire, tant notre joie et notre plaisir nous envahissaient, les heures apaisèrent ces instants indescriptibles.

Pas à pas, je suivais le périple de sa vie. Sa mission avait été accomplie. Bardé de décorations, Légion d’Honneur, et autres….Il était devenu officier. Officier supérieur, COLONEL dans l’armée Française.

J’étais FIER, fier de lui, de mon frère de cœur avec des liens aussi forts, que ceux d’un frère de sang.

 A la retraite depuis un certain  nombre d’années, il n’est pas resté inactif.

Il se dépense sans compter pour ses frères d’armes, les HARKIS,  les défendant et se battant  pour qu’ils fassent partie intégrante de nos vaillants soldats ayant combattu pour la France et non des traîtres.

 Comme à oser le dire le Président BOUTEFFLIKA devant le parlement Français, alors qu’il était l’invité du Président de la République Française.

 Lui, le petit Gérivillois a beaucoup de cran, défendre avec tant de courage, ces soldats abandonnés, délaissés par le pays qu’ils avaient choisi.

Il milite aussi avec sa femme, fille d’institutrice pour des causes humanitaires, sociales et caritatives.

Nicole lui a donné de beaux enfants, l’un deux  est actuellement Capitaine. L’amour et le respect de l’armée ne sont pas prêts de s’éteindre dans cette grande famille unie autour de leurs parents.

 Mon cher Boualem, permets- moi de te féliciter, de te regarder avec respect et admiration, tu es resté un homme sensible, simple, et humble.

                          Tu es l’exemple vivant de ce que notre beau pays aurait pu être.

                                                                                                             Claude

     

     

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La dernière mise à jour de ce site date du 11/15/21