- En 1869 Palikao
et Ternifine
-En 1872 Cacherou,Aïn
Fekan ,Oued Taria....
- En 1874 Froha..
- En 1875 Maoussa....
- En 1878
Thiersville
- En 1879 Tizi....
- En 1881 Sonis et
Hafia......
En 1866 on dénombre un millier
de constructions agricoles d'une valeur de 10 millions de francs-or. La
culture de céréales amène l'aisance. Dix ans plus tard alors que
l'installation des centres de colonisation est pratiquement terminée
dans la plaine on comptabilise 23.000 musulmans, soit 77% de la
population totale. A l'exemple des européens, ils ont étendu leurs
cultures au cinquième de la superficie. Dans l'ensemble, l'étendue
consacré aux céréales double, celle des vignes décuple. Forts de leur
expérience, les colons commencent à substituer le blé tendre en blé dur,
à semer de l'avoine sur les terres fraîches et des pommes de terre. Le
lin, le coton, le tabac ne semblent pas réussir. On assiste,
progressivement à l'abandon de l'économie céréalière et pastorale
extensive des autochtones, pour adopter une combinaison agricole
intensive : céréales, vignes, oliviers.
Dés 1893, on s'attache au difficile problème du "drainage" des parties
marécageuses. Au sud-ouest de la plaine on rectifie le lit de l'oued
Froha et l'on creuse un canal de dérivation de 17 kilomètres vers l'oued
Fekan. Ce n'est qu'en 1906 que l'on construit au Nord-Ouest un canal de
11 kilomètres drainant les eaux de l'oued Maoussa, des marais de Sidi
Lahssen et des terres humides vers Tizi. En 1931,on aménage encore le
lit de l'oued Fékan car chaque crue transforme de nombreux hectares en
marécages.
Ces travaux ont été nécessaires, la
plaine ayant été inondée pendant les hivers des années 1900/01/03/04
1918/19/20/27 et surtout 1928 vers Thiersville. On asséchera finalement
le lac de Ternifine à Palikao qu'en 1954.
En 1936,la mise en valeur de
la plaine est assurée par 1.600 propriétaires européens faisant vivre un
millier d'européens artisans agricoles, un quart de gérants et de
commis,16% de fermiers,12% d'entrepreneurs de travaux agricoles et
20.000 ouvriers agricoles musulmans, soit en tout 70% de la population
vivant de l'agriculture.
En 1945,un siècle après la première
installation européenne, dans l'ensemble de la plaine, on compte plus du
tiers de la surface en céréales (25.000 hectares) et un dixième en
vignes (8.000 hectares) - La banlieue de Mascara produit des vins de
coteaux de faible rendement relatif, vrais vins de crûs réputés, sur
5.000 hectares(60% de la terre cultivable) autour de la ville, à St
André de Mascara, St Hippolyte et le versant sud des Beni Chougrane
contre 40% en céréales. Autour de Mascara se pressent: cultures
maraîchères; oliviers vergers et pépinières exploités par des
propriétaires européens, surtout d'origine française.
L'administration à partir de
1947,aide activement les fellahs par des prêts de matériel de
motoculture, la création de secteurs d'amélioration rurale dont
bénéficient 800 musulmans possédant 24.000 hectares (la moitié moins de
5 hectares, les autres de 5 à 30 hectares),prêts de semences,
encouragements à la culture lucrative de la betterave sucrière et à
l'utilisation des labours profonds, achats de moto-pompes, de bêtes de
travail, de matériel de culture et de dépiquage. Le bilan des "cultures
européennes en 1954 peu avant le déclenchement des événements douloureux
en Algérie, établi que les céréales couvrent 40% et les vignes 30% de la
plaine. Les colons produisent un million d'hectolitres de vin..800.000
quintaux de céréales,100.000 quintaux d'olives de conserve et 45.000
quintaux d'agrumes. En un siècle la superficie consacrée à la vigne a
centuplé, celle des céréales a été multipliée par 40.
D'après les prix de gros des divers
produits agricoles en 1954, la production européenne dépassait en
valeur quatre milliards de francs, celle des musulmans n'atteignait que
40% de ce chiffre.
Parallèlement à la colonisation la
population européenne s'est installée d'abord dans la banlieue de
Mascara pour gagner ensuite la périphérie. L'agglomération urbaine
s'évalue en 1872 à 9.000 habitants dont la moitié dans la ville,37% à
Bab-Ali et 11% éparpillée dans la banlieue. Dans la plaine toute entière
il y a 5.000 européens en 1876 moitié français, moitié
étrangers(espagnoles et italiens) contre 23.000 musulmans. En 1936 soit
60 ans plus tard, la plaine est peuplée de 100.000 habitants avec 1/5
d'européens dont la proportion diminue d'année en année, alors qu'un
fort contingent de musulmans, émigre volontairement vers les grands
centres, surtout Oran.
En 1954,60% des européens sont
concentrés à Mascara-ville, les petits villages de la plaine ne groupent
guère plus de 500 à 2.000 habitants chacun ; sauf Palikao (5.000) centre
administratif d'une région en grande partie musulmane. Au total on
dénombre alors prés de 300.000 habitants dans la plaine d'Eghris dont le
chiffre élevé de 90% de musulmans. Ceux-çi ont profité des travaux de
défrichement, de drainage, d'assèchement et de mise en valeur réalisés
par les européens.
Textes recueillis et numérisés par Jean Louis Viguier