LES REGIMENTS DE TIRAILLEURS 1914/18

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LES REGIMENTS DE TIRAILLEURS 1914 - 1918

     La situation de ces régiments est extrêmement compliquée. Par le jeu des relèves, par celui des nouvelles formations, ils ont constamment changé de figure au cours des hostilités et, en 1918, lorsqu'il est fait un appel massif aux ressources en hommes de l'Afrique du Nord, de nouveaux régiments sont créés de toutes pièces, des unités de marche rejoignent ensuite les armées d'Orient, puis du Levant, enfin, s'opère un nouveau brassage ayant pour objet de remettre sur pied, dans leurs anciennes garnisons, des régiments organiques disparus en 1914 ce qui ne simplifie pas les choses. Nous allons d'abord donner une vue d'ensemble sûr ces formations de tirailleurs et nous terminerons par quelques notes historiques qui seront bien forcées de dépasser la limite du 11 novembre 1918.

    Les neufs régiments de tirailleurs de 1914 représentaient, au moment de la mobilisation, quarante bataillons, dont dix-neuf se trouvaient au Maroc. Sur ce total, trente-deux allaient être envoyés en France au cours des mois d'août et de septembre, six demeuraient au Maroc et deux en Algérie. Les six bataillons restés au Maroc étaient le 3e du 1er régiment, les 3e et 4e du 4e régiment, le 3e du 5e, le 2e du 6e, le 3e du 8e. Les deux bataillons demeurés en Algérie furent le 3e du 2e, revenu du Maroc oriental, et le 2e du 7e (1).

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 (1) Les autorités militaires françaises formèrent des bataillons et des compagnies de réserve sur le territoire même du Maroc : bataillons de la Chaouïa, bataillon de réserve de Rabat, compagnies de réservistes de Marrakech, compagnies de mobilisés de Mazagan, Meknès, Mogador, Safi, qui formèrent peu à peu les 1er et 2e bataillons de marche du Maroc (août et septembre 1917), le bataillon mixte du Maroc oriental (mars 1917) qui comprenait deux compagnies de Légion et deux compagnies d'infanterie légère. Formations éphémères dont on trouve encore trace dans quelque papiers ignorés.

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    La contribution de l'Afrique du Nord à la composition des armées mobilisées en France s'est traduite :

  1° Au début du mois d'août, par l'envoi de deux divisions indépendantes d'Algérie et une division du Maroc (vingt deux bataillons de tirailleurs).

  2° A la fin du mois d'août, une nouvelle division d'Algérie (trois bataillons de tirailleurs).

  3° En septembre, le Maroc envoya une nouvelle division qui fut disloquée à son arrivée en France (3e et 4e brigades du Maroc) et un régiment isolé (en tout sept bataillons de tirailleurs).

    Les trente-deux bataillons de tirailleurs compris dans ces unités furent divisés en dix régiments exclusivement composés de tirailleurs et deux régiments mixtes, comportant la présence de bataillons de zouaves. Notons que ces bataillons de tirailleurs s'étaient mobilisés avec leurs ressources propres, complétées au moyen des compagnies de dépôt. Les bataillons qui faisaient séjour au Maroc n'eurent même pas cette latitude, mais ils avaient une richesse d'effectifs suffisante.

 TIRAILLEURS DANS LES DIVISIONS

    Initialement, en août-septembre 1914, les unités de marche de tirailleurs eurent la composition suivante :

  37e division : 2e tirailleurs de marche, lieutenant-colonel Sibra (bataillons II/2 Aguiton, V/2 Lelain, II/5 Bolelli); 6e tirailleurs de marche, colonel Dégot (bataillons I/6 Fournereaux, IV/6 Régnier) ; 3e tirailleurs de marche, colonel Simon (bataillons II/3 Demarie, IV/3 Bigotte, V/3 Delom, III/7 Peuron).

  38e division : 1er tirailleurs de marche, colonel Vuillemin (bataillons I/1 Voisard, II/9 Bigault de Granrut, III/9 Anthoine) ; 4e tirailleurs de marche, colonel Müller (bataillons I/4 Cot, Vl/4 Barrois); 8e tirailleurs de marche, lieutenant-colonel Vallet (bataillons IV/8 Montallier. V/8 Pletier).

  45e division : régiment de marche de tirailleurs, colonel de Bonneval (bataillons II/1 Bureau, II/8 Allouchery, Vl/2 de Montluc).

  Division du Maroc : régiment de marche de tirailleurs du Maroc occidental, lieutenant-colonel Cros (bataillons I/5 Britsch, IV/7 de Ligny, V/4 Delaveau); régiment de marche du Maroc oriental, lieutenant-colonel Fellert (bataillons I/2 Mignerot, IV/2 Sauvageot, III/6 Clerc).'

  Brigades du Maroc : 1er mixte, lieutenant-colonel Vrenière (bataillons I/3 Retz, I/7 Marquet) ; régiment de marche de Tunisie, lieutenant-colonel Delaveau (bataillons II/4 Blondiau. I/8 Masson, VI/Millet).

  Isolé : la 2e mixte, lieutenant-colonel Cornu (bataillons III/3 Mittelhauser, I/9 de Venel).

    Une première réorganisation eut lieu en décembre 1914, puis une autre en mars 1915  et sans entrer dans des détail fastidieux, on parviendra à une certaine stabilisation, succédant aux improvisations ineffables du début de la campagne.

    Voici une liste des régiments de marche réduite à sa plus simple expression afin de ne  pas surcharger le récit de détails inutiles.

  - 1er régiment de marche de tirailleurs : Au début, c'est celui qui appartient à la 38e division, 75e brigade colonel Vuillemin, bataillons I/1, II et lll/9. Il est parti en guerre avec la C.H.R. et le drapeau du 1er tirailleurs qui a été perdu à Charleroi. En décembre 1914, il prend le numéro 3, puis le numéro 9 en mars 1915. Le régiment de la 45e division porta aussi le numéro 1, mais devint officiellement 1er .tirailleurs de marche en mars 1915 (I/1, puis II/1, III/1IV/1). Resté pendante toute la guerre à la 45e D.l. Devenu ensuite 33e tirailleurs de marche, sur le Rhin.

  - 2e régiment de marche de tirailleurs. Il fut officiellement formé en avril 1915 avec les éléments de deux régiments de la 37e division, le 2e et le 6e de marche. Sept bataillons passèrent dans ses rangs en deux ans et demi (II, III, V, VI/2 ; II/5 ; I, II, IV/6). En avril 1917 il se stabilise avec les bataillons II, III et Vl/2. Il existera jusqu'en 1921 date à laquelle il sera dissous au Levant et versera le reliquat de ses effectifs au 22e.

  - 3e de marche de tirailleurs : Constitué dès le début de la campagne à la 37e D.l., 74e brigade (bataillons II. IV et V/3, III/7). Le III/7 permuta de numéro avec le I/3 qui se trouvait au 1er mixte. Par suite, le régiment compta quatre bataillons du 3e tirailleurs, mais passa le V/3 au 2e mixte en juin 1915. Après la guerre, il a pris le numéro 23.

  - 4e tirailleurs de marche : Constitué dès le début de la campagne à la 38e D.l. avec les bataillons I et Vl/4, la C.H.R. et le drapeau du régiment. En France il reçut le V/4 venu avec la D.M. et il passa lui-même à cette division où il resta jusqu'à l'été de1918 où il fut affecté à la 2e D.M. Après la guerre, il a pris le numéro 24.

  - 5e tirailleurs de marche : Formé seulement en janvier 1918 avec un bataillon aguerri le I/5 et deux bataillons de recrues VI et Xl/5. Il passa successivement aux 17e, 126e D.l., 10e D.I.C., 34e D.l. et enfin, en juin, à la 74e où il resta jusqu'à la fin de la campagne. Prit le numéro 25 après-guerre.

  - 6e tirailleurs de marche : Constitué à la mobilisation, 37e D.l. (bataillons I et IV/6, fondus en un seul en septembre 1914. Le IV/6, qui subsiste part pour le Maroc en 1915. Officiellement, il n'y a plus de 6e de marche depuis octobre 1914. Il est reconstitué en mai 1918 par transformation du 3e R.M.Z.T. de la 45e D I. avec les bataillons V, VI, Xl/6, affecté d'abord à la 58e, puis a la 169e D.l. En mai 1919, les trois bataillons partent en Orient, il se reforme avec les XVII/4, XV/8 et XIV/6. Retransformé encore une fois avec les III/6, VII et Xl/3, il forme à l'armée du Rhin, le 39e tirailleurs.

  - 7e tirailleurs de marche : Formé par le regroupement des éléments appartenant aux deux régiments de marche de la Division du Maroc (Cros et Fellert) en septembre 1914, à quatre bataillons. Il n'aura que très peu d'affinités avec le 7e organique, il sera composé de bataillons très divers. Il prendra le numéro 7 en décembre 1914 et le gardera, sans aucune raison très valable. Ce n'est qu'en 1920 qu'il possédera trois bataillons du 7e (VI, Vlll et X) et qu'il formera le 35e tirailleurs.

  - 8e tirailleurs de marche : Constitué dès le début avec les bataillons IV et V/8 à la 38e D.l. En août 1915, il reçoit le II/8, prend officiellement le numéro 8. En novembre 1915. le bataillon IV/8 quitte le front pour aller relever le III/8 au Maroc, mais le transport est torpillé et c'est un nouveau IV/8 reformé au dépôt qui rejoint le régiment seulement en février 1916. En septembre 1918, après avoir appartenu à la 38e D.l. depuis le début de la guerre, il passe à la 56e D.l. Après la guerre, devient le 28e. Notons qu'un autre 8e de marche venant du Maroc, constitué à Bordeaux en septembre 1914 (bataillons I et Vl/8 et II/4) était devenu 4e mixte en juin 1915.

  - 9e tirailleurs de marche : II est issu directement des deux bataillons du 9e qui étaient, en août 1914, à la 38e D.I. avec le I/1. Ce dernier reçut une autre affectation et le bataillon I/9, venant du 2e mixte, vint se joindre aux deux autres, ce qui donna un 9e de marche à la 48e D.l. en décembre 1916, puis à la 25e D.l. en septembre 1918. Parti pour le Maroc le 1er avril 1919, le 9e de marche devient 29e.

    Tel est, brièvement, l'historique de l'organisation des régiments de marche de tirailleurs ayant porté le numéro des neuf régiments actifs de 1914. Répétons que nous n'avons pas donné les numéros de tous les bataillons qui sont passés dans leurs rangs, il y en a eu exactement soixante-trois.

Avec l'année 1918 surviennent de nouveaux régiments, constitués en principe avec un bataillon aguerri (enlevé à un régiment qui reçoit un bataillon de recrues) et deux bataillons de recrues. En vertu d'une circulaire du G.Q.G. du  13 décembre 1917, il y aura :

  - Le 10e de marche, formé en janvier 1918 avec le III/3 (ancien) venu du 2e mixte où il est remplacé par le Xl/9) et les Xl/2, Xl/3. Affecté à la 52e D.l. en remplacement du 348e R.I. dissous.

  - Le 11e de marche, formé en janvier 1918 avec le IV/7 (ancien, venu du 7e de marche, remplacé par le Vl/6) et les IX et Xl/7. C'est celui-là qui aurait dû logiquement s'appeler 7e de marche. Affecté à la 58e D.l., ainsi que le 6e de marche, en remplacement des 256e, 285e, 295e dissous R.I.

  - Le 13e de marche, transformation du 2e mixte en juillet 1918.

  - Le 14e de marche, créé en septembre 1918 à la 129e D.l. avec les cadres du 359e R.I. dissous et des bataillons nouveaux de tirailleurs XV et XVI/6, XVI/2.

  - Le 21e de marche, créé en octobre 1918 à la 8e D.l. où il remplace le 311e R.I. dissous, avec les bataillons nouveaux Xll/5, XVII/5, XVI/9.

  - Le 17e de marche, créé le 10 novembre 1918 à la 166e D.l. où il remplace le 294e R.I. dissous, avec les bataillons nouveaux XV/1, XVI/5, XV/9.

  - Le 12e de marche, créé le 16 novembre 1918 à la 68e D.l. où il remplace le 206e R.I. dissous.

    Sept nouveaux régiments de tirailleurs algériens ont donc été créés en 1918 (y compris le 5e de marche) et deux régiments mixtes transformés. On trouvera aussi une création faite dans des conditions assez spéciales :

  - Le 15e de marche, constitué fin novembre avec un seul bataillon de tirailleurs, le XV/7 et l'amalgame des trois bataillons du 288e R.I. qui formèrent les deux autres bataillons du régiment, situation qui dura jusqu'à la fin de décembre date à laquelle le 15e reçut un millier de recrues indigènes. Il fut alors composé, au début de 1920, des bataillons XV, XII et XIV/7.

    A l'Armée d'Orient, c'est encore une autre histoire. Au mois de juin 1919, les Armées de l'Est lui fournissent vingt-quatre bataillons de tirailleurs en vue de créer aux armées de Hongrie, du Danube et à la 122e D.I. (Constantinople) huit régiments de marche de tirailleurs. Suivant des directives ministérielles, ces vingt-quatre bataillons doivent être pris, groupés, dans huit régiments existant déjà en France ou sur le Rhin, transportés, et reformés sous de nouveaux numéros pour six d'entre eux, les deux autres conservant le leur. L'opération s'est traduite ainsi :

  Pour l'Armée de Hongrie : les trois bataillons du 12e de marche ont formé le 16e de marche; les trois bataillons du 6e de marche ont formé le 18e de marche; les trois bataillons du 1er mixte ont formé le 19e de marche ; les trois bataillons du 17e de marche ont gardé leur numéro; les trois bataillons du 21e de marche ont gardé aussi leur numéro.

  Pour l'Armée du Danube : les trois bataillons du 14e de marche ont formé le 22e de marche; les trois bataillons du 10e de marche ont formé le 23e de marche.

  A la 122e D.l., Constantinople, les trois bataillons du 11e de marche ont formé le 27e de marche.

  En même temps, les états-majors des six régiments restés en France et sur le Rhin incorporent chacun trois nouveaux bataillons, soit :

  - 1er mixte reformé avec les XVII, XVIII, XIX/7.

  - 6e de marche reformé avec les XVII/4, XIV/6,XV/8.

  - 10e de marche reformé avec les XII et XVII/2,XVII/6.

  - 11e de marche reformé avec les XVI, XVII,XVIII/3.

  - 12e de marche reformé avec les Vll/3, Vlll/1, Xlll/8.

  - 14e de marche reformé avec les XVI/1, XVIII/5, XVII/9.

    Vers le Maroc, partirent de France les 4e, 9e, 13e, 14e et 15e tirailleurs de marche qui vinrent renforcer les six bataillons qui s'y trouvaient à la fin de la guerre et qui étaient les I/1, II/4, II/5,. V/2, IV/6, III/8.

    Il s'agissait en outre de reformer, en Algérie et en Tunisie, les régiments organiques. Une décision ministérielle du 10 décembre 1919 prescrivit que douze régiments seraient créés : les 1er, 5e et 9e (Alger), 2e, 6e, 10e (Oran), 3e, 7e, 11e (Constantine), 4e, 8e, 12e (Tunisie). L'opération dura trois mois, puis fut encore reprise. Ces régiments furent reformés à deux ou trois bataillons avec des bataillons remis sur pied, des centres d'instruction, des compagnies de dépôt.

    Au Levant, quatre régiments de marche vinrent de l'armée d'Orient. Ne restèrent à cette armée que les 17e et 27e destinés eux aussi au Levant. Les 16e et 23e de marche avaient été dissous.

    Au début de l'année 1920, les douze régiments désormais organiques de tirailleurs algériens ou tunisiens, totalisaient 123 bataillons répartis aussi bien en Algérie, au Maroc, en Tunisie, qu'à l'armée du Rhin, en Orient, au Levant ou même en France, dans les diverses unités de marche ou organiques.

    Par surcroît, au moyen de bataillons prélevés sur l'Algérie, on formera au printemps de 1920, trois nouveaux régiments de marche (25e, 26e, 31e) qui seront dirigés sur l'Orient ou sur le Levant.

    II faut bien revenir à des conceptions plus normales. Un décret présidentiel portant la date du 10 juillet 1920 prescrit la dissolution des unités de marche et leur remplacement par des régiments autonomes. En conséquence, à la date du 1er octobre 1920 :

  - Au Maroc : les 13e, 14e et 15e de marche deviennent régiments autonomes en conservant leur numéro. Les 4e et 9e de marche deviennent 24e et 29e autonomes.

  - A l'Armée du Rhin : les 1er et 5e de marche deviennent 33e et 25e autonomes (Alger); le 10e de marche devient 26e autonome (Oran); les 3e, 6e, 7e, 11e de marche deviennent 23e, 39e, 35e et 31e autonomes (Constantine) ; les 8e et 12e de marche deviennent 28e et 20e autonomes (Tunisiens); le 1er mixte devient 43e (Constantine) et le 4e mixte devient 16e (tunisiens).

  - En Orient, les 25e et 26e de marche sont envoyés à l'Armée du Levant, ainsi que le 31e de marche. Avec quatre bataillons restés en Orient, anciens bataillons d'étapes, est constitué le 32e autonome.

  - A l'Armée du Levant, opération compliquée. Il y a trente-deux bataillons appartenant à onze unités de marche : 2e de marche, 3e mixte du Levant, 17e, 18e, 19e, 21e, 22e, 25e, 26e, 27e, 31e et trois bataillons isolés. On formera huit unités autonomes comprenant vingt-six bataillons : 17e, 18e, 19e, 21e, 22", 27e, 47e. Un 36e autonome est créé. Le 2e de marche, le 3e mixte du Levant, les 25e et 26e sont dissous.

    Le chassé-croisé des bataillons de tirailleurs a été tel que la filiation ne peut être que problématique. Pour ne prendre que le 22e tirailleurs, qui conserve son numéro, tous ses anciens bataillons sont passés à d'autres unités. Il en a par contre reçu quatre appartenant à un même corps d'origine, le 2e tirailleurs, qui font de lui un véritable succédané de ce régiment, par suite notamment de la reprise des bataillons de l'ancien 2e de marche dissous. Il devient donc incontestablement le descendant de ce dernier corps dont il prendra la fourragère et les inscriptions au drapeau.

    Au 31 décembre 1920, la situation des unités de tirailleurs algériens ou tunisiens est redevenue normale. Il existe désormais 37 régiments comprenant un total de cent vingt bataillons. Douze régiments en Algérie et Tunisie, cinq au Maroc, neuf à l'Armée du Rhin, deux dans la Sarre, un à Constantinople, huit au Levant. Cette situation évoluera entre 1921 et 1928. Dix-sept régiments ont été dissous : 10e, 11e, 12e, 17e, 18e, 19e, 20e, 24e, 26e, 29e, 31e, 32e. 33e, 35e. 36e, 39e, 43e, 47e. Les régiments stationnés en Algérie et Tunisie seront dorénavant numérotés de 1 à 12; les régiments stationnés hors de leur pays d'origine, mais dans le bassin méditerranéen conservent la série à partir de 13 à 20. Les régiments stationnés en France sont numérotés à partir de 21, chacun d'eux était jumelé, pour la relève, avec un des régiments stationnés en Algérie-Tunisie dont il prend le numéro augmenté de 20. Le 35e prend le numéro 27, le 17e prend le numéro 21. En  1928, le 7e prend le numéro 11 et le 11e prend le numéro 7. Le 1er octobre 1936 est créé le 24e tunisiens.

    En 1936, la situation est la suivante :

  1er R.T.A. Blida; 2e Mostaganem ; 3e Bône; 4e Sousse ; 5e Maison-Carré ; 6e TIemcen ; 7e Constantine; 8e Bizerte; 9e Miliana; 11e Sétif; 16e au Levant; 13e, 14e, 15e au Maroc; 21e Epinal; 22e Verdun: 23e Metz; 24e La Roche-sur-Yon ; 25e Sarrebourg; 27e Avignon; 28e Sathonay.

    Des changements interviendront jusqu'à 1939. On les trouvera mentionnés dans un chapitre suivant. Le Maroc, une fois pacifié, les régiment de tirailleurs qui y tenaient garnison vont venir en France. Des changements de garnison auront eu lieu.

    Nous indiquons ici même, très rapidement, quelques faits de guerre relevés à l'actif des régiments de tirailleurs de marche de 1914-1918.

 

1er DE MARCHE

    Le vieux régiment de la mission transaharienne de 1898-1900, de la conquête des oasis sahariens, du Maroc (sept bataillons engagés) et de la 38e D.l. en août 1914, qui se sacrifie à la contre-attaque de Châtelet le 22 août pour empêcher le 3e corps d'être encerclé, avec les zouaves de la même brigade et des fantassins de la 5e division, 39e, 74e, 129e R.I. Le drapeau porté par le lieutenant Multedo tombe cinq fois, sa garde charge elle aussi, avec les tirailleurs de la compagnie hors-rang, de la fanfare. Ils sont impitoyablement fauchés par les mitrailleuses allemandes. Le drapeau, enfoui sous un tas de cadavres tombera aux mains de l'ennemi, sans gloire. Transféré à Berlin, il sera soustrait à notre commission de récupération en 1919, caché, remis à jour sous Hitler, exposé de nouveau dans la "garnison kirche"... sans que qui que ce soit ose élever la voix. Enfin, en 1945, une autre mission réussira à ramener d'Allemagne les débris des trophées enlevés au cours des guerres entre Français et Allemands, et, parmi eux, outre l'aigle du 36e régiment d'infanterie, prise en 1870, le fer de lance du drapeau du 1er tirailleurs algériens. Successivement commandé par le colonel Vuillemin (1914), le colonel Bourgeois (1er avril 1915), le lieutenant-colonel Caré (17 septembre 1915), le commandant Becker (12 septembre 1915), le lieutenant-colonel Caré, de nouveau (27 décembre 1915), le lieutenant-colonel Mensier (mai 1917), le lieutenant-colonel Pidaut (avril 1918). le régiment sera honoré de quatre citations à l'ordre de l'armée pendant la campagne 1914-1918, dans le texte desquelles on lira des phrases telles que "Régiment indigène de haute valeur dont le loyalisme a toujours égalé la bravoure" et encore "Régiment qui joint à un moral élevé les plus belles qualités manœuvrières. Du 16 au 31 octobre 1918, a, par des attaques incessantes, menées avec une inlassable ardeur, brisé toute résistance de l'ennemi, passant quatre rivières, emportant deux villages de haute lutte, a surmonté toutes les difficultés, toutes les fatigues... ".

2e DE MARCHE

    II a été successivement commandé par le colonel Bourgue, le lieutenant-colonel Barbeyrac de Saint-Maurice, le lieutenant-colonel d'Auzac de la Martinie. Il a été cité six fois à l'ordre de l'armée : "Merveilleuse troupe d'attaque", et aussi "Régiment d'assaut qui a conservé dans cette guerre les rudes et éclatantes traditions de l'arme blanche et de la baïonnette française. A franchi de vive force le canal du Nord, le 29 août 1918 et emporté d'assaut la ville de Noyon, puis le mont Saint-Siméon." Son drapeau étant déjà décoré de la Légion d'honneur, il lui fut conféré la médaille militaire avec la citation suivante qui résume son action au cours des quatre années de guerre :"

  "Héroïque régiment qui a surpassé, au cours de la campagne, les plus glorieuses traditions d'une histoire qui lui avait déjà valu la croix de la Légion d'honneur. Engagé à fond, dès le 22 août 1914, sur la Sambre, il fait énergiquement tête à l'ennemi, le 23 à Oret, le 24 à Florennes et le 29 à Guise, où il enlève à la baïonnette la ferme de Bertaignemont. Les 15, 16 et 17 septembre, après l'héroïque résistance de Cuts (Oise), il marque, à Tracy-le-Mont et à Quennevières, le terme définitif de l'offensive des armées allemandes sur la route de Noyon à Paris. Le 25 septembre 1915, il prend, à la bataille de Champagne, une part des plus glorieuse, attache ensuite son nom à la défense de Verdun, où il déploie pendant deux années consécutives, ses plus belles qualités militaires : inébranlable dans le sacrifice, irrésistible dans l'attaque. Héroïquement, il arrête la ruée allemande à Louvemont les 23, 24 et 25 février 1916, et à Avocourt, d'avril à juillet. Le 15 juillet, il engage, devant Fleury, la magnifique contre-offensive qui se poursuivra ensuite sans arrêt jusqu'au 15 décembre 1916, date à laquelle dans un élan splendide, il rejette définitivement l'ennemi en Woëvre, au-delà du Bois la Chaume. Après avoir cueilli une nouvelle palme, le 16 avril. 1917, devant Brimont, il termine la brillante série de ses combats devant Verdun par l'enlèvement de la côte 344, le 25 novembre 1917. Porté devant Amiens en avril 1918, il contient l'ennemi, reprenant le terrain perdu pied à pied pendant trois mois. Enfin, les 8, 9 et  10 août, il brise le front allemand en enlevant le bois de Moreuil, le Plessier, Guerbigny, dans une course de 22 kilomètres qui ouvre la route de Roye. Transporté sur la Divette, il s'empare de vive force de Noyon, Chauny, Tergnier, bouscule l'ennemi dans une poursuite ardent jusqu'aux portes de La Fère. A peine retiré des combats, il est reporté de nouveau sur la Serre et continue la poursuite en direction d'Hirson et de la Belgique où il s'arrête le 11 novembre, à Baileux, capturant, au cours de cette magnifique épopée, 73 canons dont 19 lourds, plus de 1000 prisonniers et un énorme matériel de guerre."

 3e TIRAILLEURS DE MARCHE

    Il a été successivement commandé par le colonel Simon (1914), les lieutenants-colonels de Gouvello (1914-1916), Thouvenel (1916), Simon (1916), Vibert (1916-1920). Il a combattu, dans les rangs de la 37e D.l. à Oret, Mettet en Belgique, Cuts, Caisnes, Tracy-le-Val, au bois Saint-Mard, à Quennevières. En novembre et décembre 1914, les tirailleurs étaient encore revêtus de la tenue avec laquelle ils avaient quitté l'Algérie, veste bleu de ciel, large pantalon de treillis blanc, petit collet à capuchon. On leur distribua des capotes d'artilleurs, puis des culottes de velours côtelé marron, on leur donna des passe-montagnes de laine et des cache-nez qu'ils enroulèrent sur leur tête en guise de turbans, jusqu'au moment où ils perçurent des capotes bleu horizon, puis la tenue kaki en drap. A Moulin-sous-Touvent, ils reçurent les remerciements du général commandant le 35e corps d'armée :

  "Depuis le 17 septembre 1914 date à laquelle zouaves et tirailleurs ont héroïquement contenu dans la région de Cuts et de Carlepont, les attaques de front et de flanc d'un ennemi supérieur en nombre, jusqu'aux journées mémorables de juin 1915, où de concert avec la brigade Niessel, de la 61e D.l., ils ont conquis d'un seul élan et maintenu contre les retours offensifs les lignes de Quennevières, ces troupes d'élite n'ont cessé de donner un magnifique exemple des plus brillantes qualités offensives. Aux noms glorieux que leurs anciens ont inscrits dans les annales du corps, ils ont ajouté ceux de Bailly, bois du Quesnoy, Tracy-le-Val, bois Saint-Mard, Puissaleine, et Quennevières. Les conquêtes successives de ces points d'appui réalisées au prix de sacrifices souvent très lourds, ont permis au 35e corps de gagner les positions qu'il occupe actuellement et où il peut défier les attaques".

    En Champagne où il se lance à l'attaque en direction de Sainte-Marie à Py, sur le front de Souain à Beauséjour, avec le 3e zouaves; en décembre 1916, où le lieutenant-colonel Vibert le commande; en octobre 1917 à Bezonvaux et à la côte 344, à Livvers-Bretonneux en 1918, il livre enfin les derniers combats et poursuit l'ennemi du canal de la Sambre à l'Oise jusqu'à la frontière belge. Il part ensuite en occupation sur la tête de pont de Mayence.

 4e TIRAILLEURS DE MARCHE

    Régiment de la Division marocaine, il a été six fois cité à l'ordre de l'armée, en juin 1915 (lieutenant-colonel Daugan) en Artois; en septembre 1915, bois Sabot; puis sous le commandement du lieutenant-colonel Aubertin, en mai-juin 1917, en août de la même année, en septembre 1918 pour la butte du Mesnil. et la sixième fois pour un rappel de la période août-septembre. Son histoire est celle de la fameuse division. Rappelons qu'il sera cité une fois en 1940 et trois fois au cours de la campagne 1944-1945.

 5e TIRAILLEURS DE MARCHE

    Jeune régiment formé en 1918, il a participé à trois offensives : 1° Oise, massif de Thiescourt, du 10 au 23 août 1918; 2° Champagne du 26 septembre au 16 octobre 1918, conquête des tranchées d'Alsace-Lorraine, de Sainte-Odile et de Ludwig, enlèvement du bois Macherin, conquête des ouvrages d'Olmütz et de Prague le 26 septembre; conquête des ouvrages au Nord-Est de l'ouvrage de Prague, du Bois-Sans-Nom, et du village de Bougainville, du 27 au 30 septembre; passage de l'Aisne, conquête du plateau du Télégraphe, le 14 octobre; 3° Offensive de l'Aisne du 30 octobre au 4 novembre 1918, conquête du plateau de la Croix-Dariq, le 1er novembre, occupation de Belleville, de Châtillon-sur-Bar, de Brieulle le 3 novembre. Deux citations à l'ordre de l'armée, commandé par le lieutenant-colonel Fournié.

 6e TIRAILLEURS DE MARCHE

    Jeune régiment qui a été commandé par les lieutenants-colonels Wild, tué en juillet 1918, puis Poulat. Il a acquis deux citations à l'ordre de l'armée, la première pour son action dans la région de Villemontoire, au sud de Soissons, en juillet; la deuxième pour son avance de plus de vingt kilomètres dans la région de Noyon, d'où il est revenu avec seulement 20 officiers et 450 tirailleurs.

 7e TIRAILLEURS DE MARCHE

    L'autre régiment de tirailleurs de la Division Marocaine, six citations à l'ordre de l'armée, aux ordres successifs des lieutenants-colonels Demetz, Schuitz et Mensier. Là aussi, son histoire se confond avec celle de la D.M. Première citation pour l'Artois, printemps de 1915, avance de 4 kilomètres; la deuxième pour la Champagne, septembre 1915; la troisième pour l'action du 20 août 1917; la quatrième pour celle des 12 et 13 avril 1918; la cinquième pour les journées des 29 et 30 mai 1918, et la sixième pour celles du 2 au 16 septembre 1918, avance de plus de 7 kilomètres.

 8e TIRAILLEURS DE MARCHE

    Cinq citations à l'ordre de l'armée. Il a participé à la bataille des frontières en 1914, attaqué le plateau de Craonne en septembre, puis s'est battu en Belgique, sur l'Yser; en 1916,  il a été à Verdun, sur la cote 304 de mai à juillet, à Fleury en août, à la reprise de Douaumont en octobre, à Vacherauville et Bezonvaux en décembre. En 1917, au Chemin-des-Dames, à la Malmaison. En 1918, à Orvilliers-Serval (mars), Longpont et Parcy-Tigny (juillet), Carlemont (août et septembre), en Thiérache (octobre), où, sous les ordres du lieutenant-colonel Dufoulon, il a reçu sa cinquième citation pour les combats de Mont-d'Origny.

 9e TIRAILLEURS DE MARCHE

    II a été cité à l'ordre du groupement de Bazelaire avec la 25e D.l., à Cumières et au Mort-Homme en 1916; à l'ordre de la Xe Armée, avec le lieutenant-colonel Dericoin, pour son action dans le bois de Chaulnes en octobre 1916; avec le lieutenant-colonel Altmeyer pour l'attaque de Pressoir et du bois Kratz le mois suivant; avec le lieutenant-colonel Clavery pour les batailles de juin, de juillet et de septembre-octobre 1918 (trois citations).

 13e TIRAILLEURS ANCIEN 2e MIXTE

    Les Allemands eux-mêmes décernèrent à ce régiment le titre d'Hirondelles de la Mort. L'expression fut employée pour la première fois dans un poème trouvé sur un officier ennemi trouvé fait prisonnier en mai 1915 devant Angres. Il était question, dans ce poème, des précautions spéciales qu'exigeait l'apparition dans le secteur des régiments de la 96e brigade, véritables "hirondelles de la mort" annonciatrices d'hécatombes futures. En août 1915, les hommes du 2e mixte arrivant dans les tranchées du plateau de Nouvron virent se dresser devant eux, dans les positions ennemies, un écriteau portant cette inscription : "Salut aux Hirondelles de la Mort." Le général Capdepont, qui commandait la 48e division, donna la consécration officielle à cette expression en l'employant à son tour dans un ordre du jour élogieux adressé aux survivants du régiment à la suite des combats de Champagne de septembre et octobre 1915. Symbolique, elle explique et justifie le choix de l'emblème spécial adopté pour l'ornement de la fourragère du 13e tirailleurs avant 1939, digne conservateur des exploits du 2e mixte.

    Le 2e mixte, successivement commandé par les lieutenants-colonels Cornu, tué le 29 avril 1915 à la tranchée de Calonne; Lamiable, Marty, Morin, se distingua particulièrement en Champagne (mars 1915) dans la région de Mesnil-les-Hurlus; à la tranchée de Calonne en fin avril; à Notre-Dame-de-Lorette et Angres, de mai à juillet; en Champagne devant Souain en octobre. En 1916, il prend part à la défense de Verdun puis participe à l'offensive de la Somme (fort de Souville, Fleury, bois de la Caillette, ferme de Monacu, Cléry et Bouchavesnes) ; en 1917, au Mont-Cornillet, puis à la Main de Massiges, à Verdun encore une fois; en 1918, dans le Matz. Il prend à partir du 1er juillet le nom de 13e tirailleurs de marche, participe à la contre-attaque du 18 juillet, entre Longpont et Corcy, s'empare des villages de Violaines, Villers-Hélon, Blanzy; il est ensuite engagé en août sur l'Ailette; puis, en fin septembre, en Champagne, vers Tahure et ne s'arrêtera qu'après avoir atteint l'Aisne au nord de Vouziers. Le 11 novembre, il se trouve devant Sedan. Le 13e R.T.A. fut cité quatre fois à l'ordre de l'armée.

 16e TIRAILLEURS ANCIEN 4e MIXTE

    Issu de deux bataillons du 8e, il attaque du côté de Lassigny, vers Candor en septembre 1914, se heurte à l'ennemi à 800 mètres de Canny près du petit bois qui devait devenir le fameux "Bois Triangulaire". Il enlève la ferme de la Taulette et la tient jusqu'au 2 octobre, puis est transporté en Belgique, à Poperinghe, Pilken. A Rexpoede, est définitivement formé le 4e mixte, lieutenant-colonel Levêque. En Janvier 1916, il passe sous les ordres du lieutenant-colonel Vernoix. Il fournit trois efforts à Verdun, le premier dans le secteur d'Esne entre la cote 304 et le bois d'Avocourt en juin-juillet; le deuxième au village de Douaumont en octobre ; le troisième à Louvemont et aux Chambrettes en décembre. En 1917, il est engagé à la ferme d'Hurtebise et au monument de 1814, puis au plateau de Marraines, aux tranchées de la Lusace, ravin de Chavignon-Biermont. En 1918, il est, en avril, dans le Matz à Conchy, Ressens; en mai à Noyon; en juin au Mont-Choisy ; en juillet à Chavigny au bois du Mausolée, à Vaux-Castille ; en août au bois Saint-Mard, au bois Rosette, à l'éperon du Four-à-Verre. Totalisant six citations à l'ordre de l'armée, son drapeau est décoré de la fourragère rouge au camp d'Arches, près de Remiremont. Le 11 novembre, il est à Deyvillers, entre en Alsace, à La Poutroye, avec le général Dufieux, à Kaisersberg, à Orbey, à Strasbourg le 25 novembre. Le 30 janvier 1919, il passe le pont de KehI. Son drapeau reçoit le Légion d'honneur le 13 juillet 1919 à Paris.

    Tels sont, brièvement rapportés, les fastes les plus marquants des régiments de marche de tirailleurs de la guerre 1914-1918. On trouvera, en fin de volume (annexe...), les distinctions et les noms de batailles inscrits sur tous les drapeaux.

Mise en page Pierre Rubira à partir de documents téléchargés sur le site: http://perso.netpratique.fr/michel.martin47/armee_d_afrique/

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La dernière mise à jour de ce site date du 03-mars-2013      Remonter